Lettre 3287

Par la grâce de D.ieu,
21 Chevat 5715,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

A) J’ai reçu, avec plaisir, votre lettre, dans laquelle vous évoquez différents problèmes. En revanche, vous ne faites aucune allusion à ce qui vous est arrivé en 5687(1). Mon beau-père, le Rabbi, m’a fait part des qualités et des capacités dont vous avez alors fait preuve. Il y a tout lieu de penser que, si vous les révélez et les utilisez encore une fois, ce sera pour le bien du plus grand nombre.

Les paroles des Justes sont éternelles et immuables, ce qui veut dire également qu’elles agissent en permanence. Vous avez dû assister à leur réalisation, au moins partielle et je vous saurais gré de me communiquer les détails, à ce sujet. Je vous en remercie d’avance.

Dans le pays où nous nous trouvions auparavant(2), on demandait à chacun de faire un effort pour renforcer les Yechivot et les diffuser, dans l’esprit de la Tradition juive, même s’il fallait risquer sa vie pour cela, au sens le plus physique. Il est sûrement inutile de vous souligner qu’il doit, encore plus clairement, en être ainsi lorsque l’on se trouve dans un lieu et un pays où le seul sacrifice qui est attendu est celui qui demandé par la ‘Hassidout, c’est-à-dire le renoncement à sa propre volonté.

Lors de la révélation du Sinaï, la Torah et les Mitsvot furent données, parce que l’on dit: “ Nous ferons et (ensuite) nous comprendrons ”. Or, il en est de même pour le don quotidien de la Torah et des Mitsvot. En effet, nous bénissons D.ieu, “ Qui donne la Torah ”, au présent et il est donc nécessaire de proclamer d’emblée que “ nous ferons et (ensuite) nous comprendrons ”. C’est après que l’on peut s’investir dans l’effort(3), par ses forces de découverte intellectuelle, d’analyse raisonnée et de compréhension, par son intellect en général, comme l’expliquent plusieurs livres et discours de la ‘Hassidout ‘Habad.

Ceux qui peuvent exercer leur influence sur la jeunesse ont un mérite tout particulier. Car, il est plus aisé de changer la personnalité d’un jeune homme ou d’une jeune fille que celle d’une personne d’âge mur et, a fortiori, d’âge avancé.

B) Vous évoquez la suite de la parution du périodique Hakrya Vehakedoucha.

Vous savez sans doute qu’à la fin de la seconde guerre mondiale, mon beau-père, le Rabbi a demandé que cesse la parution de cette publication.

C) Vous parlez de la formation des moniteurs et des professeurs à enseigner la ‘Hassidout en Hébreu. Comme vous le savez, plusieurs enseignants de ‘Hassidout, en Terre Sainte, donnent leurs cours dans la Langue sacrée.

Vous citez, à ce propos, le verset “ des pommes d’or dans des seaux d’argent ”. Il est donc sûrement inutile de souligner que la relation entre le contenu et la langue doit être celle qui existe entre l’or et l’argent. La différence doit même être inférieure à celle-ci. Vous savez, en effet, que le Rambam(4) cite ce verset pour illustrer le rapport entre une image de la Torah et ce qu’elle décrit, mais non entre le contenu des propos et la langue.

En conséquence, je suis un peu surpris que vous privilégiez l’argent, par rapport à l’or, dans votre lettre(5). Vous précisez que certaines instances, en Terre Sainte, prennent en compte l’apparence extérieure, plus que le contenu profond. Il est clair que je ne vous soupçonnais pas de cela. J’ai justifié votre position en me disant que l’atmosphère d’Erets Israël peut avoir une incidence, en la matière. Si cette suspicion est sans fondement, je m’en réjouirai moi-même.

Sans doute userez-vous de votre influence auprès de ces instances, dans toute la mesure du possible, pour obtenir que les jeunes de l’association ‘Habad reçoivent les moyens d’élargir leurs actions, grâce à la subvention plus importante qui leur sera accordée.

Bien évidemment, on vous dira que cela va à l’encontre des principes et du programme de ces instances. Pour autant, celles-ci reconnaîtront qu’il est un principe encore plus fondamental de faire en sorte que le public écoute les paroles de la Torah et ne se révolte pas contre elles, ce qu’à D.ieu ne plaise.

D) J’ai lu avec plaisir, à la fin de votre lettre, que vous allez m’envoyer un exemplaire des chapitres et des articles que vous avez publiés, de même que votre livre qui est actuellement sous presse. Sans doute l’avez-vous déjà fait et je vous en remercie.

E) Comme vous me le demandez, j’ai donné à mon secrétariat l’instruction de vous adresser le catalogue de nos publications. Vous m’indiquerez les livres et les articles qui vous intéressent. Ceux-ci vous seront adressés, sans en faire le vœu, s’ils sont encore disponibles.

F) Vous avez sûrement pris part à la réunion ‘hassidique du jour de la Hilloula(6). Je vous adresse les discours ‘hassidiques prononcés à cette occasion, qui ont été publiés avec quelques additifs.

Avec mes respects et ma bénédiction,

Notes

(1) 1927, année de l’emprisonnement du précédent Rabbi, en Russie soviétique.
(2) La Russie.
(3) Intellectuel, pour comprendre la Torah.
(4) Dans l’introduction du Guide des égarés, au paragraphe “ Le sage dit ”.
(5) La langue d’enseignement, par rapport à son contenu.
(6) Du précédent Rabbi, le 10 Chevat.